Résistance aux réseaux sociaux

Résistance aux réseaux sociaux

Je crois que chaque génération a ses luttes, et que si ce n’est pas la seule, résister aux réseaux sociaux fait partie de la mienne.  Du début des années 90, je ne suis pas né avec les réseaux sociaux, mais je suis d’une génération qui maîtrise très bien les outils numériques et qui peut donc en saisir assez aisément les enjeux.

Je fais partie de ceux qui ont vu émerger ces réseaux. Si un jour j’ai des enfants, je ne veux pas qu’ils me disent : “Comment tu as pu laisser faire ça ?”

Un modèle économique détestable

“Si on te propose quelque chose gratuitement, c’est que le produit c’est toi”

Les réseaux sociaux ne sont que des immenses machines à publicité. De façon très discrète on analyse tous tes comportements, tes publications, tes messages… Pour en tirer des informations sur tes préférences personnelles et les revendre à des publicitaires. Avec pour argument moral que les informations revendues ne permettent pas d’identifier les personnes individuellement (heureusement !). 

Imaginons que tu aimes particulièrement retrouver des amis dans un parc précis, parce qu’il est agréable et très pratique. Est-ce que tu continuerais à y aller si on épiait toutes tes conversations, et qu’on le truffait de panneaux publicitaires ciblés selon les informations récoltées ? Personnellement, je préfèrerais encore payer l’entrée.

Mais payer l’entrée, on n’en a pas la possibilité sur les réseaux sociaux. La pub ça rapporte beaucoup plus ! Facebook et compagnie ont su en quelques années seulement se rendre indispensables dans nos vies. Ils ont créé des outils tellement pratiques et addictifs que nous les utilisons chaque jour, en échange de nos données personnelles et de notre temps d’attention.

Je retiens 3 principaux problèmes :

    1. La publicité est le fer de lance du capitalisme et de nos économies destructrices. En utilisant ce genre de plateformes, on soutient ce modèle
    2. Même si c’est parfaitement légal, tout est fait pour qu’on ne se rende pas compte de l’utilisation de nos données personnelles. Je trouve le procédé malhonnête car trop peu explicite
    3. Si nos données personnelles devaient avoir un prix, il serait bien supérieur à celui de l’accès à ce genre de plateforme. Au delà de l’aspect moral et de l’impact sur nos sociétés, en prime on se fait avoir !

Des effets pervers sur nos vies et nos relations

Pour que le système fonctionne, il est nécessaire que nous passions un maximum de temps sur les réseaux. Si encore ils s’en tenaient à nous proposer des outils supers pratiques… Mais ça va plus loin, tout est fait pour nous rendre addict !

Je te conseille vivement de regarder cette vidéo d’Arte qui résume très bien cela :

(J’ai activé le mode de confidentialité avancé qui permet de : ” intégrer des vidéos YouTube sans utiliser de cookies pour suivre les pages vues par les utilisateurs. Cela signifie qu’aucune activité n’est recueillie pour personnaliser l’expérience de visionnage.”)

Je ne veux pas que mes créations soient influencées par mon besoin de reconnaissance sociale. Le moins possible en tout cas et surtout pas via les réseaux sociaux. Il est normal de vouloir plaire, de vouloir être reconnu, mais je trouve détestable que ces besoins naturels soient exploités pour faire du profit, sans tenir compte des effets néfastes sur nos vies.

Si un jour je devais vivre de mes créations, je ne veux pas non plus être dépendant d’algorithmes aux critères obscures et changeants, qui dictent la visibilité à laquelle j’ai droit… Quelle pression et quel pouvoir sur les créateurs !

Je ne rentrerai pas dans le détail ici des problèmes de harcèlement, d’orientation de l’opinion publique, des effets néfastes des écrans sur la santé… Les répercussions des réseaux sociaux sont nombreuses et il serait trop long de les détailler toutes ici !

Mon utilisation personnelle

J’ai décidé de ne plus diffuser du tout mes créations artistiques personnelles sur les réseaux sociaux.

Mais je n’ai pas totalement supprimé leur utilisation de ma vie. Au moment où je lance ce site, je suis en train de quitter Facebook (et WhatsApp qui leur appartient). Je n’utilise plus twitter depuis longtemps et je n’ai jamais vraiment utilisé Instagram.

Certaines des associations dans lesquelles je m’implique utilisent les réseaux. Il est difficile de s’en passer pour faire venir du public à nos spectacles par exemple ; et je ne suis pas seul décisionnaire.

Je ne partage plus mes créations propres sur Youtube, mais je l’utilise encore personnellement (avec un bloqueur de publicité bien entendu). Tout simplement parce que j’y trouve du contenu formidable qui n’est pas toujours partagé ailleurs. Je suis attristé que Google s’enrichisse grâce à ce contenu, mais je ne souhaite pas y renoncer pour autant et je respecte aussi les choix des créateurs .

Lorsque je travaille avec d’autres personnes, il est possible que nos créations soient partagées sur les réseaux si c’est leur souhait. C’est super d’être en phase avec ses valeurs, mais je pense qu’il faut savoir faire preuve de souplesse et je ne veux pas m’interdire de travailler à plusieurs. C’est trop important.

J’utilise encore Linkedin dans ma vie professionnelle. J’aimerais m’en détacher un jour, mais c’est un formidable outil pour développer son réseau pro et son activité. Je n’ai pas trouvé d’alternative pour le moment.

J’aimerais également un jour abandonner complètement les outils google ; je sais qu’il existe des alternatives mais je n’ai pas encore pris le temps de creuser la question. Aussi, il n’est pas simple de se défaire d’outils aussi pratiques et performants (il faut le reconnaître, ils sont forts !).

Pour conclure

Je ne jette bien entendu pas la pierre aux utilisateurs de ces réseaux. J’en suis moi-même encore un ; et tout nous y pousse comme montré précédemment. Evidemment, tu peux partager mon contenu sur les réseaux sociaux, si c’est ton mode d’échange. Je m’assure d’ailleurs que ce soit possible : encore une fois je pense qu’il faut faire preuve de souplesse et respecter les choix de chacun.

J’invite surtout à la réflexion sur ce sujet, et sur la façon dont ces outils sont entrés dans nos vies. Si s’en passer est un souhait, je pense que le cheminement est long et qu’il ne faut pas se précipiter. Même si c’est de façon malsaine, ils répondent à des besoins naturels et je crois qu’il est important de s’assurer que ces besoins seront toujours satisfaits avant de se désinscrire.