La flemme n’existe pas

Publié le 19/12/2020

(Mise en garde : Si tu t’attends à trouver ici un super article motivationnel qui va t’expliquer en 5 étapes comment ne plus jamais procrastiner, tu es vraiment au mauvais endroit. Personnellement je pense que savoir ne rien faire est très important pour la santé. Et ce qui est intéressant, c’est de le faire bien en sachant pourquoi. Si tu aimes réfléchir sur toi et que tu as envie de mieux comprendre pourquoi parfois tu ne fais pas certaines choses qui te tiennent à cœur, je te conseille vivement de lire la suite de cet article.)

C'est quoi la flemme en fait ?

J’aime bien remettre en question les évidences. Evidemment que tout le monde sait ce que c’est que la flemme. On l’a tous vécu au moins une fois. Mais si je te demande d’en donner une définition précise ? Personnellement je trouve que ce n’est pas si simple. Allez, je suis sympa je te laisse quelques lignes blanches pour te laisser le temps d’y réfléchir.

 

 

 

 

 

 

 

Ok, commençons par le commencement, la définition du Larousse indique “grande paresse”. Si on cherche la définition de paresse, on obtient : “Comportement de quelqu’un qui répugne à l’effort, au travail, à l’activité ; goût pour l’oisiveté”.

Bon en gros avec mes mots, on peut dire que quand tu as la flemme, c’est que tu n’as pas envie de faire un truc qui te demande un effort. On pourrait s’en tenir là, je pense que ça correspond assez bien à la définition que donnerait la plupart des gens.

Mais personnellement, même si je pense que cette définition est “vraie”, elle ne me satisfait pas du tout. Pourquoi ? Parce que je la trouve extrêmement limitée. Pour moi elle empêche d’accéder à une vérité beaucoup plus intéressante.

La flemme cache toujours quelque chose

Je trouve que la flemme est un concept fourre-tout bien pratique pour ne pas voir ce qui se passe en nous. La flemme serait une sorte d’état qui nous tomberait dessus parfois, sans qu’on sache pourquoi et qui ferait que de fait, nous n’avons plus envie de faire les choses. Quand je dis, “j’ai la flemme”, personne ne va me demander pourquoi. Cela semble être une explication qui se suffit à elle-même. 

Le premier problème quand je dis ça, c’est que je n’ai aucune idée de pourquoi je n’ai pas envie. Après tout si j’ai la flemme, c’est bien que je considère que j’aurais intérêt à faire l’action en question. Sinon je n’y penserais tout simplement pas ! Merde alors, pourquoi je ne fais pas quelque chose d’utile ou d’important pour moi ?

Le second problème, c’est que je ne profite pas de ne rien faire. Je ne fais rien en opposition à quelque chose que j’estime devoir faire, sans savoir pourquoi. Au fond je ne fais pas vraiment rien, je lutte contre ce que je devrais faire. Je me prive alors du plaisir de faire comme celui de ne rien faire. Je suis perdant sur toute la ligne !

Déjà si je dis “Je n’ai pas envie de faire cette action”, cela ne donne pas la réponse mais amène davantage à se poser cette question du pourquoi. Cela me met en responsabilité : c’est moi qui n’ai pas envie (et non cette satanée flemme qui m’est encore tombée dessus)

Je donnerais alors cette définition de la flemme : “Je n’ai pas envie de faire quelque chose et je ne cherche pas à savoir pourquoi”. Là je dirais que c’est une définition honnête.

Pourquoi je ne fais pas mon ménage alors que je sais que je me sentirai mieux après ? Pourquoi je repousse mon travail alors que je sais que je vais stresser ensuite ? Pourquoi je ne vais pas faire du sport alors que je me sens si bien à chaque fois que j’en fais ? Pourquoi je suis tenté de faire sauter mon activité du soir alors que chaque fois que j’y suis j’adore ça ?

Si je réponds à ces questions par “j’ai la flemme”, je me prive de la chance de comprendre pourquoi. Au fond, je dirais que la flemme c’est le refus de comprendre.

Pourquoi je ne fais pas tout ça ? Ce n’est pas parce que je suis fainéant, flemmard, paresseux, oisif, ou tout autre terme qui te plaira. Je ne le fais pas parce que je n’ai pas cherché à comprendre ce qui m’en empêche ou m’incite à ne pas le faire. Tu en connais vraiment toi des gens qui, par nature, ne font pas ce qui est bon pour eux ? Il y a toujours une explication !

D’ailleurs, les personnes qui à l’inverse s’épuisent dans l’action, ont pour moi potentiellement le même problème. Elles ne cherchent pas à comprendre pourquoi elles en font autant. Simplement, contrairement à l’inaction, c’est plutôt reconnu de façon positive socialement. Les gens actifs sont utiles à la société, ce qui n’incite pas forcément à creuser…

Flemmard, toi qui est inutile à la société, tu es bien chanceux car la pression sociale va t’aider à mieux te comprendre ! Tu pourras ainsi mieux faire ce qui est bon pour toi, et parfois vraiment profiter de ne rien faire… Le bonheur !!

Les vraies raisons derrière la flemme

Alors, je n’aurai pas la prétention ici de faire une liste exhaustive des raisons réelles qui peuvent se cacher derrière la flemme. Je te propose simplement de te lister les principales selon moi, ce qui devrait être largement suffisant pour t’exercer à comprendre pourquoi tu ne fais pas certaines choses, si tu en as l’envie.

Quand tu te dis que tu as la flemme de faire quelque chose, je t’invite à remplacer cette idée par la phrase “je n’ai pas envie de le faire car…” et de chercher l’explication !

Allez, quelques raisons potentielles. “Je n’ai pas envie de [action au choix] car” :

    • Je suis fatigué. Et oui, tout simplement ! En soi, l’effort est plutôt quelque chose de satisfaisant. Si tu y rechignes, c’est peut-être tout simplement parce que tu as besoin de dormir.

    • J’ai peur ou je suis anxieux. Attention, cela peut être complètement inconscient et dans de faibles proportions. Une toute petite peur est largement suffisante pour préférer ne rien faire.

      Par exemple, je peux repousser un appel important juste parce que je ne sais pas comment me présenter. Si je comprends que ça vient de là, je devrais assez facilement pouvoir passer à l’action. Sinon, je risque de repousser longtemps sous prétexte “d’avoir la flemme”.
    • J’aspire à quelque chose de plus plaisant. Ahhhh la recherche du plaisir permanent, le graal ! C’est un sujet extrêmement vaste, mais pour faire court ici, je dirais que ce qui aide c’est de se responsabiliser sur ses envies. Ca pourrait donner par exemple ce petit dialogue interne :
      – “Je n’ai pas envie de faire la vaisselle car regarder une série m’apporterait plus de plaisir”
      – “D’accord, mais rien ne m’empêche de faire les deux dans la journée, et si je ne fais pas la vaisselle ça va m’emmerder plus tard”
      – “C’est vrai, regarder une série m’apporte du plaisir, mais avoir une cuisine propre m’apporte du bien-être. Ca vaut le coup aussi”

       

      S’offrir des moments de plaisir, c’est très important. Mais il faut faire attention à ce que la recherche du plaisir ne nous détourne pas de tous les autres moyens de se faire du bien. En me disant que j’ai la flemme, je peux ne pas voir que je suis tombé dans cette quête insatiable de toujours plus de plaisir immédiat. En effet, même ne rien faire peut souvent sembler plus “plaisant” que la plupart des “corvées”.

    • Je me mets la pression avec des objectifs trop importants. Si les objectifs peuvent être utiles, il ne faut pas oublier que chaque fois qu’on s’en fixe un, on se donne la possibilité d’échouer. Imaginons que j’ai pour objectif de devenir un grand réalisateur de cinéma. J’ai tellement peu de chances d’y parvenir que je vais très facilement me démotiver par peur de l’échec. Je risque même de ne jamais faire mon premier court-métrage… Alors que si je me laisse tout simplement guider par mon envie de faire des films, je vais faire de mon mieux sans pression et je serai très certainement meilleur comme ça !

       

      Ce qui est vicieux avec cette notion d’objectif, c’est que bien souvent ces buts sont inconscients. Si je prends mon exemple personnel, jamais je ne me suis fixé l’objectif de devenir un grand réalisateur. Mais, perdu dans mes pensées, combien de fois je me le suis imaginé… Sans le vouloir j’en ai rêvé un nombre incalculable de fois ! Et chaque fois que j’en ai rêvé, inconsciemment j’ai alimenté ma peur d’être déçu de ne pas y parvenir.

    • Ca n’a pas de sens pour moi. Pas facile celle-là car elle peut conduire à de grosses remises en question. Mais c’est clairement une question à te poser si tu n’as pas envie de faire quelque chose. Je pense que ça peut fréquemment arriver au travail notamment, où l’absence de sens est un sérieux problème.

       

      Important : peut-être que tu as juste perdu le sens, mais qu’il existe. Simplement tu n’arrives plus à le voir, ou tu n’en ressentais pas le besoin jusque là. Ca vaut le coup de le chercher avant de se dire qu’il n’y en a pas ! Imaginons que tu aies un job alimentaire qui ne te fasse pas rêver, mais qui te permette de subvenir à tes besoins, et que ça te convienne au fond. Te rappeler que tu fais ce job pour répondre à tes besoins peut t’aider à retrouver du sens et donc de l’élan à y aller. Par contre, si tu ne vois vraiment aucune raison de faire ce travail, ou si elles ne te semblent pas suffisantes, peut-être il faudra réfléchir à chercher autre chose.

 

Les trois derniers points mériteraient chacun un article à part entière tellement il y a de choses à dire dessus. Je pense en écrire un très prochainement pour questionner l’utilité des objectifs.

J’espère que cet article t’aidera à mieux te comprendre, à moins lutter contre le fait de faire ce que te tient à cœur au fond, et à mieux profiter des moments où tu ne fais rien. Cela peut-être tout à fait délicieux !

A bientôt,
Pablo

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